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Nous les monstres. Chronique de « Sorrowland » de Rivers Solomon

Sorrowland – Rivers Solomon
Quatrième de couverture

Vern est enceinte de sept mois et décide de s’échapper de la secte où elle a été élevée. Cachée dans une forêt, elle donne naissance à des jumeaux, et prévoit de les élever loin de l’influence du monde extérieur. Mais, même dans la forêt, Vern reste une proie. Forcée de se battre contre la communauté qui refuse son départ, elle montre une brutalité terrifiante, résultat de changements inexplicables et étranges que son corps traverse. Pour comprendre sa métamorphose et protéger sa petite famille, Vern doit affronter le passé…

Déesse Monstre @ CM Deiana
Ce que j’en pense

Attention, chronique contenant des spoilers

La lecture de « Sorrowland » démarre en terrain étrange et immédiatement violent. Verne, adolescente albinos de 15 ans, accouche de jumeaux en pleine forêt, alors qu’elle est poursuivie par un monstre.
Que s’est-il passé ?
Quel est ce monstre ?
Et qui est Vern ?
Est-elle une adolescente qui a « simplement » fuit une secte et le mariage forcé auquel elle a été soumise ? Ou est-elle plus que cela ?
La question se pose lorsque Vern commence à voir son corps se transformer au contact de la terre et de cette nature sauvage et inhumaine, monstrueuse dans laquelle elle vit avec ses deux enfants. Sous la douleur, elle devient plus forte. Devient-elle elle-même un monstre ?
Physiquement, certes, son corps s’éloigne de ce que doit être un corps humain, mais Vern était déjà monstrueuse avant ça. Ou du moins, la société l’avait déjà désignée comme monstrueuse, comme une freak.
Par l’Etat d’abord, elle fille noire dont la communauté s’est réfugiée dans une société autonome dirigée par un pasteur omnipotent.
Par le groupe communautaire ensuite, car sa peau blanche la distingue irrémédiablement des autres.
Par ses camarades, car son handicap visuel la met à la marge.
Par les adultes de cette organisation clairement binaire, car Vern est née intersexe.
Par la morale, car elle est lesbienne.
La société dans son ensemble a décidé que Verne était un monstre et qu’elle ne bénéficierait d’un pardon en se soumettant au pasteur, en devenant sa femme et en lui donnant des enfants.
La nature a vu la monstruosité de Vern et lui a donné les outils pour l’exprimer dans sa totalité, avec violence, certes, mais aussi avec un amour illimité. Pour Farouche et Hurlant, ses enfants. Et pour Gogo, militante autochtone et amante de Vern.
L’amour, c’est ce qui reste à la fin de la lecture de « Sorrowland ».
On y a traversé des haines, des charniers, tout un pan de l’histoire sanglante des Etats-Unis, on y a vu des morts violentes, des tortures, des profondes injustices. Et ce qu’il reste, c’est l’amour.
Et dans tout cela, c’est l’amour freak, l’amour queer qui prend une place absolue. En une seule scène, terriblement érotique et douce, charnelleet symbolique, Rivers Solomon rend hommage au sexe queer, un sexe qui ne s’excuse pas et qui est si puissant qu’il pourrait réveiller les morts.
« Sorrowland » est, pour moi, le grand livre queer de cette année 2022.


Fiche technique

Titre : Sorrowland
Autaire : Rivers Solomon
Maison d’édition : Aux Forges de Vulcain
Année : 2022

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